Le syndrome de la cabane, c'est quoi ?

Je commence par vous écrire ce qu’il est a priori…puis je vous dirai selon moi ce qu’il n’est pas.

A priori, c’est :

Le fait d’être animé.e pas des émotions tellement intenses au moment de sortir de son cocon que cela nous bloque et nous empêche de vivre comme on le voudrait. Le seul lieu qui nous permette de nous sentir en sécurité est chez nous : la fameuse cabane.

Les émotions peuvent venir du brouhaha extérieur, du risque d’accidents potentiellement plus élevé, des gens que l’on est amené.e à rencontrer ou croiser, des efforts variés que cela peut nous demander (les transports, être apprété.e, aimable, etc)…ou d’un virus que l’on pourrait attraper. Vous voyez où je veux en venir ?

Et oui ! Si depuis un an cette notion de syndrome de la cabane s’est répandue, c’est tout simplement car de nombreuses personnes se sont senties concernées au moment de la fin du premier confinement. Nous avions pour la plupart été contraint.es de rester pendant deux mois chez nous avec des sorties contrôlées, cela laisse des traces…

Voici un exemple concret sur le plan physique : pour certaines personnes âgées l’impossibilité de faire une balade quotidienne les a impactées au point de ne plus pouvoir marcher seules. Leur corps ne savait plus comment faire et étant déjà dans une phase descendante, l’immobilité a accéléré le processus.

Pour d’autres c’est le cerveau qui ne sait plus gérer :

  •          les interactions inhérentes à la vie en société,
  •      les inquiétudes (stress, angoisses) qui peuvent découler des évènements extérieurs,
  •           les efforts qui étaient déjà probablement pesants avant mais que l’on faisait car « on n’avait pas le choix ».

On était lancés dans un quotidien qui ne nous permettait pas de prendre conscience de cela. Puis nous avons eu deux mois pour freiner, qu’on le veuille ou non. Certaines contraintes, angoisses, se sont envolées sans même qu’on ne le réalise mais, au moment de se remettre dans des situations susceptibles de les faire renaître, le cerveau freine.

Ceci peut être une première explication.

Et puis, il y a la peur spécifique activée par la médiatisation de ce contexte. La peur, émotion tellement redoutée et pourtant tellement légitime. On nous a envoyé des images pendant deux mois de personnes en blouse désinfectant les rues. De soignants ne pouvant pas serrer leurs enfants dans les bras en rentrant chez eux. De corbillards à la file dans les rues de Paris. De personnes âgées plongées dans la solitude. Partout, des journaux télévisés aux réseaux sociaux, tout n’était que peur, tristesse, incompréhensions. Et si le cerveau a bien besoin de quelque chose pour faire des choix, c’est de comprendre.

Nous avons dû choisir nos camps et nos croyances, mais en étions-nous vraiment certain.es ? Dans ce contexte, comment imaginer que nous ne soyons pas inquiets à l’idée de sortir de nos cocons ? L’inverse eut été étonnant, non ?

Imaginez que pendant deux mois on vous dise qu’un volcan est en éruption, qu’il est dangereux de s’approcher, que nous voyions des images plus catastrophes les unes que les autres et puis, finalement, après on nous dit « c’est bon ! c’est terminé vous pouvez y aller. ». N’est-ce pas normal de préférer en rester éloigné.e ?

Voilà pour moi, ce qu’est a priori le syndrome de la cabane.

Mais vous me connaissez, je ne vais pas m’arrêter là !

Je voudrais aussi revenir sur ce qu’il n’est pas. Ou plutôt, pourquoi les mots « syndrome » et « cabane » ne me plaisent pas et qui, je pense, sont là avant tout pour interpeler plus facilement, au détriment des personnes concernées.

  1.           Le problème lié à l’utilisation du mot « Syndrome » :

Dans le Larousse, voici la définition du mot « syndrome » :

·       Ensemble de plusieurs symptômes ou signes en rapport avec un état pathologique donné et permettant, par leur groupement, d’orienter le diagnostic.

Plutôt sérieux comme notion, non ? Et c’est là où je veux en venir…

Si on utilise des termes médicaux, il est important, selon moi, d’avoir le bagage approprié pour être capable « d’orienter le diagnostic ». Soyons vigilent.es aux effets de mode… Ici on a délibérément choisi un mot fort pour impacter plus facilement et « vendre » la notion. Peu importe qu’il soit normalement réservé aux professionnels dédiés.

Le problème en diffusant le terme partout, c’est qu’il perd de sa valeur.

A titre personnel, je suis capable de vous aider dans la gestion d’un stress, de doutes, dans la mise en place de pratiques appropriées pour se sentir mieux MAIS je ne suis pas capable (et sans aucun jugement dans cela) de parler de syndrome ou de diagnostic. Toutes mes études ne me le permettent pas.

     2 .       Le problème lié à l’utilisation du mot « Cabane » :

Deux mots sur l’origine de cette notion de « cabane » : d’après les journalistes elle est issue de l’ouvrage Walden d’Henry David Thoreau. Thoreau, à l’âge de 28 ans, décide de partir vivre seul en forêt, dans une cabane, et cela durera deux ans.

Et pourquoi je vous en parle ? Car OK a priori cela ressemble à la recherche d’un cocon. MAIS, si l’on s’y intéresse de plus près, on apprend que Thoreau fait ce choix de vit dans un esprit de recherche de liberté absolue, au plus proche de la nature, loin des contraintes de la vie citadine. De plus, il marche plus de 4 heures par jours. La liberté, la marche…vous trouvez que ça ressemble beaucoup au fait de rester enfermé.e, vous ? Après deux années ainsi, il fait le choix de revenir à une vie citadine car il considère que le temps de la « métamorphose » est révolu, et qu’il est prêt à continuer vers une nouvelle vie.

C’est là où tout est ambigu dans la publicité de la « cabane » comme étant une notion liée aux angoisses et aux craintes de l’environnement extérieur, et à la volonté d’un repli sur soi total. La notion a été détournée de l’intérêt d’origine raconté par Thoreau dans tous ses écrits. D’autant plus que l’on sait qu’il allait en ville régulièrement pour garder un contact avec l’être humain. 

L’idée n’a jamais été de se replier. Elle était de se débarrasser ce qu’il appelait les « futilités ». L’emploi du mot « cabane » dans le « syndrome de la cabane » est donc surtout vendeur, et on n’a pas pris la peine d’aller chercher plus loin ce à quoi elle faisait véritablement référence.

Enfin, je crois qu’il est aussi possible d’entrer dans cette catégorie de « cabane », la notion d’origine de Thoreau ! Ce temps pour nous peut nous avoir permis d’identifier des situations énergivores et de ce fait, on peut avoir décidé de vouloir les éviter. Et cela implique parfois de rester chez soi.

Exemples : Refuser un apéro avec des personnes qui nous rabaissent, dire « non » à une fête car on privilégie le fait d’être en forme le lendemain pour autre chose…

Est-ce le syndrome de la cabane ? Non, c’est surtout une façon de mieux poser ses limites et de prendre soin de soi.

Je conclurai en disant que les émotions ressenties sont toujours vraies et légitimes, cela ne devrait jamais être remis en question. En revanche, je reproche le choix des termes employés qui me font penser à une opération marketing, et par conséquent la normalisation des ressentis handicapants. Je ne suis pas sûre que cela vienne servir les personnes qui souffrent réellement. Car si on communique sur le fait que la majorité de la population en souffre, alors on vient normaliser une souffrance. Et je ne suis pas d’accord avec ça. Si vous vous reconnaissez dans les premiers paragraphes, si vous vous sentez bloqué.e dans votre vie quotidienne, vous ne souffrez pas « juste » du syndrome de la cabane. Vous méritez d’en parler davantage plutôt que de réunir tous vos ressentis dans une seule expression. Vous n’avez pas à accepter la situation comme étant  normale. Et, surtout, vous êtes légitime à demander de l’aide.

A contrario, si depuis vous êtes capables de dire « non » à des propositions qui ne vous servent pas, quel est le syndrome là-dedans ? Bravo ! Soyez-vous, choisissez-vous ! Si le confinement vous aura permis cela, c’est bien tout le mal que je vous souhaite !

Aller, j’arrête de déblatérer et j’espère que ces quelques lignes vous auront intéressé.es. Je n’ai pas la science infuse, sentez-vous libres de vous forger votre opinion, et n’hésitez pas à la partager en commentaire ici ou sur Instagram !

Au plaisir de vous lire ! 🙂

MZ


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