Je suis toujours étonnée quand je rencontre des personnalités qui à la fois ont un avis sur beaucoup de choses, et ensuite ont un besoin irrépressible de convaincre l’entourage que cet avis soit le bon.

A 24 ans je suis partie vivre au Sénégal. Pensant savoir, en tant que bonne française, ce qu’était la vie. Ce qu’était un pays développé. Ce qu’étaient les relations humaines. La valeur des croyances face à la valeur de la réalité. Ce qui était important de ce qui ne l’était pas. Tout était relativement clair puisque je n’avais toujours eu qu’un son de cloche, et toujours le même.

Je n’avais eu qu’une seule version de l’esclavage et qu’une seule version de l’époque coloniale.

Je savais qu’une vie réussie était une vie dans laquelle on évitait de faire des vagues, où on voulait ce que la majorité de la population voulait, où on grimpait les échelons, où avoir des enfants était la base, où la vie sociale était bien remplie…Bref, la notion d’une vie réussie ne faisait pas forcément appel à la notion du bonheur.

Puis je suis partie. Et en partant j’ai pris la décision de laisser tout cela de côté. Je n’étais plus chez moi, c’était à moi de comprendre d’autres croyances. D’autres notions de l’importance. D’autres émotions liées à une Histoire aussi riche que déroutante, humiliante.

Ce peuple dont j’ignorais tout m’a prise sous son aile et m’a accueillie. J’ai découvert que mes versions n’étaient pas la vérité. Qu’il ne s’agissait que de MA vérité. J’ai compris qu’entre nos vérités mutuelles il pouvait y avoir un terrain d’entente, mais uniquement si chacun faisait le pas vers l’Autre.

Je pourrais écrire des milliers de lignes sur la richesse du peuple sénégalais, sur leur philosophie de vie, sur leur humanité exemplaire et sur tout ce qu’ils ont bien voulu m’apprendre. Je garde cela pour une autre fois.

En revanche, je conclurai sur l’importance de la nuance : ce que nous savons n’est qu’une vérité parmi plusieurs. Elle nous parait être la vérité car elle est celle qui répond à notre bagage culturel, social, familial. Mais quelqu’un d’autre, avec d’autres bagages, n’aboutirait pas à la même vérité. Pourtant, elle ne serait pas moins légitime.

Alors, au lieu d’essayer de convaincre l’Autre que notre vérité est universelle, pourquoi ne ferions-nous pas un pas vers lui ou elle pour comprendre la sienne ?

Nous évoluons dans un contexte où nous nous affrontons. Nous cherchons à nous grandir en rabaissant l’Autre. Nous ne justifions notre propos pas parce qu’il est intrinsèquement, mais en comparaison avec celui que nous réfutons. Nous l’humilions. Je ne suis pas d’accord avec cela, c’est stérile, épuisant et persécutant.

Aujourd’hui, quand on me demande mon avis sur beaucoup, beaucoup de sujets j’ai une citation d’Einstein qui me revient en tête : « plus j’apprends, plus je réalise que je ne sais rien ».

Nous ne savons pas grand-chose, et encore moins qui soit universel. Et ce n’est absolument pas grave ! Nous pouvons faire de grandes choses avec cela, nous pouvons être de grandes choses. A condition d’avoir l’humilité de l’accepter…

Je vous souhaite d’essayer de faire un pas vers l’Autre en essayant de comprendre sa vérité sans vouloir lui imposer la vôtre.

Belle journée 🙂

Mélodie


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