Y a-t-il vraiment un profil d’entrepreneur(e) ?

« Oh lui il est bien trop timide pour se lancer ! »

« Elle c’est tout le portrait de sa mère, complètement perchée, ce qu’elle fait est bien mais elle ne sera jamais suffisamment organisée pour entreprendre. »

« Toi, entreprendre ? Mais c’est risqué ! »

« Heureusement il est raisonnable, il gardera son emploi. »

… Vous voyez où je veux en venir ? Selon moi, il n’y a pas de profil mais une volonté mêlée à un contexte favorable ou non. Certes, certaines personnes depuis toutes petites vont avoir cette fougue, cette témérité, cette créativité, ce : « qui m’aime me suive ! », tout ça en même temps. Mais à vrai dire…en connaissez-vous beaucoup ?

Reprenons les exemples précédents :

Qualités/Défauts – Compétences/Faiblesses

1/ « Oh lui il est bien trop timide pour se lancer ! ». Ok, on a ici un homme timide, c’est un fait. Devrait-il s’arrêter à ça ? La phrase serait complète et justifierait le fait de ne pas se lancer si elle disait : « Cet homme est timide donc cela demanderait de se dépasser, or il est heureux dans sa vie et il a trouvé son équilibre ». On a ici plusieurs notions : sa vie lui convient parfaitement ET si besoin il existe une issue favorable : se dépasser. Il est vrai que cela demanderait un effort, sans doute en mettant en place des coachings ou thérapies, mais c’est faisable. Ces efforts, on peut imaginer qu’il les fasse aisément si l’objectif est en lien avec eux. Mais si cela n’est pas bloquant pour lui, pourquoi les ferait-il ? Cette timidité est l’illustration de n’importe quel trait de caractère soi-disant bloquant : on peut trouver un moyen soit d’y remédier, soit de l’éviter : par exemple pour la timidité tous les projets d’entreprise n’ont pas besoin d’avoir une communication axée sur le porteur de projet, et l’on peut aujourd’hui communiquer caché(e) derrière un écran, se créer un avatar, ou prévoir le budget pour qu’un autre le fasse.

2/ « Elle, c’est tout le portrait de sa mère, complètement perchée, elle ne sera jamais suffisamment organisée pour entreprendre. » (Allez expliquer à n’importe quel(le) grand(e) couturier(e) qu’il/elle n’est pas entrepreneur(e)…) Avec cet exemple l’idée est de mettre en avant que personne n’a toutes les compétences requises pour foncer avec sérénité. ET, même si l’on trouvait une personne avec toutes les compétences définies comme étant favorables, cela ne garantirait toujours pas la réussite de son entreprise. Alors à toutes les personnes « normales » : oui il y aura toujours un élément qui manquera. Ce n’est néanmoins pas bloquant : soit on décide de se former pour y palier, soit on demande de l’aide. Dans tous les domaines l’aide est disponible et sous des formes variées : on peut prévoir de faire appel à un prestataire, un proche peut nous donner un coup de main, on peut aussi décider de s’associer avec une personne ayant les compétences complémentaires (oui s’associer est « risqué », mais comme évoqué précédemment, à vous de savoir si la valeur du risque est satisfaisante). La seule chose importante est d’avoir conscience de ses faiblesses afin de trouver une solution

Risque / Raison

3/ « Toi, entreprendre ? Mais c’est risqué ! ». Si vous avez déjà parlé entrepreneuriat à un repas de famille, il est fort probable que vous l’ayez entendu. Dans cette phrase, on a la projection de la personne qui la prononce. Tout d’abord, le(s) risque(s) varie(nt) en fonction du projet. Ensuite, la perception du risque varie en fonction chacun. Elle varie en fonction de l’éducation d’une personne, de son passif, et surtout de ce qui lui est nécessaire dans sa réalité à elle pour se sentir bien : sérénité, prévisibilité, permanence…donc chaque action mettant en péril ces notions ne lui paraît pas justifiée car son équilibre de vie serait rompu. La difficulté ici est lorsque cette personne a encore une emprise sur nous : elle peut être un parent, une personne que l’on estime particulièrement, une personne à laquelle on s’est identifiée précédemment. Ce qu’il convient de définir c’est : quel est votre équilibre à vous ? Peut-être aujourd’hui avez-vous envie de challenge, de nouveauté. Peut-être que cela s’accompagne aussi d’un besoin de rester dans un cadre sûr, et c’est ok, vous trouverez un projet pour lequel la valeur du risque vous conviendra. On a pas besoin de jouer sa vie pour entreprendre, chaque nouvelle action, chaque tentative d’aventure, que ce soit dans la vie personnelle ou professionnelle est une façon d’entreprendre.

4/ « Heureusement il est raisonnable, il gardera son emploi. » On retrouve ici la projection évoquée au point précédent. De plus, on a cette généralité fréquente que « garder son emploi » soit raisonnable. Mais raisonnable pour qui ? Une nouvelle fois, tout est un jeu d’équilibre : ce qui est raisonnable (d’après sa définition : »qui agit avec bon sens ») est de ne rester dans une situation que si elle nous convient suffisamment pour se sentir équilibré. Cet équilibre est propre à chacun, et ne cesse d’évoluer. On a le droit ne ne plus être satisfait d’une situation que l’on adorait précédemment, on a également le droit de remettre en question l’objectif que l’on a visé pendant des années et finalement atteint, si l’on réalise que l’image que nous en avions était différente de ce qu’il est vraiment. Enfin, on peut avoir l’équivalence : salarié=entrepreneur ; typiquement lorsque l’on est en charge d’un projet important et responsable de son aboutissement. Certes, les dangers ne sont pas les mêmes car il ne s’agit de notre entreprise qui serait en péril mais le fait de devoir rendre des comptes et potentiellement jouer son évolution de carrière – voire son poste – est, il me semble, tout aussi risqué. 

A travers ces exemples j’espère avoir montré que, selon moi, chacun.e peut se sentir entrepreneur.e et chacun peut décider un jour d’entreprendre. Je crois que l’on fait le premier pas lorsque l’on arrive à reconnaître les généralités qui nous sont opposées, les traits de caractères que l’on nous attribue comme étant incompatibles avec cette aventure, et que l’on décide malgré tout de créer le contexte favorable et de trouver un moyen d’y aller.

Publications similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *